EDITO

L’exposition « Bifurcations » marque une étape importante dans l’histoire d’ENIA. Pour la première fois, nous avons souhaité ouvrir les portes de l’agence au public et présenter un artiste. Aux amis bien-sûr, à tous nos partenaires, mais aussi à tous les habitants du quartier qui nous ont si aimablement accueillis, lorsqu’en pleine crise sanitaire, nous nous installions à Bagnolet.

L’origine d’ENIA remonte à plus de vingt-cinq ans, lorsque nous nous rencontrions tous les trois sur les bancs de l’école d’architecture de Paris Belleville, dont nombre d’enseignants auront grandement influencé notre pratique : par l’apprentissage de l’espace moderne, de la puissance sensorielle de l’architecture et la responsabilité sociale de l’architecte. Parmi eux Didier Sancey, architecte et artiste peintre, dont la route a, par la suite, souvent croisé la nôtre. Il remporta en 2008 le concours pour la réalisation des vitraux de l’église Notre Dame du Rosaire aux Lilas, l’une des toutes premières oeuvres de l’agence ; l’espace et la lumière y dialoguent pour exprimer avec force le rapport à l’immatériel, ce que le travail de Didier a su parfaitement révéler et prolonger.

Accueillir des artistes dans nos murs est l’occasion pour nous de montrer ce que notre travail leur doit : la discipline architecturale s’est nourrie de la liberté des plasticiens, des musiciens, des cinéastes, des écrivains. Notre pratique, souvent si contrainte, s’enrichit des émotions que ces artistes nous révèlent et qui nous rappellent, comme Dostoïevski, que la beauté sauvera le monde.

Didier Sancey est ainsi le premier artiste que nous présentons, et nous le remercions de sa confiance. Ce choix
était naturel : en quarante années de création, il a continûment cherché à représenter la lumière, à lui faire prendre corps. Ici, il la décompose en couleurs primaires, tel l’anatomiste cherchant à comprendre le corps par sa dissociation en multiples éléments.
Là, il la recouvre d’un voile, d’une brume qui révèle la profondeur d’une composition. C’est une recherche permanente, celle de saisir la sensibilité du monde au-delà de ce que nos sens peuvent cerner.

Cette quête infinie nous ressemble et nous rassemble.

L’oeuvre de notre ami Didier Sancey nous invite à entrer dans l’espace métaphysique de l’architecture, dans l’abîme des formes géométriques et des couleurs qui n’ont pas encore été sculptées par la matérialité.

Mathieu Chazelle, Simon Pallubicki et Brice Piechaczyk, associés d’enia architectes

Retrouvez l'œuvre de Didier Sancey sur https://didier-sancey.fr/